Tableaux, pierres précieuses, bijoux, collections d’art diverses … sont passés de « sûrs » à « risqués » pour les assureurs en quelques années seulement. Pourquoi ? Heloïse Decrocq-Mosnier, responsable Fine Art chez PSPI, nous éclaire.
«L’assurance « fine art » a toujours très bien fonctionné, mais aujourd’hui cela peut se révéler être dangereux pour les assureurs » annonce d’emblée la spécialiste. Comment expliquer ce changement ?
« Il y a quelques années, le niveau de risque pour ce type de bien – tableaux, pierres précieuses, bijoux etc. – était considéré comme bas car ces biens étaient principalement gardés dans des coffres-forts, au sein d’une maison sécurisée. Les assurer relevait soit d’un besoin d’inventaire, soit d’un aspect successoral afin de démontrer que les biens ont été couverts pendant des années.»
Mais depuis quelques années, le contexte au sein duquel ces biens évoluent change, faisant accroître de manière significative le niveau de risque, notamment de détérioration, vol, et perte des objets.
« Ces biens ne restent désormais plus à dormir dans les coffres, confirme la spécialiste, ils sont aujourd’hui aussi transportés d’un point A à un point B, portés par leur propriétaire (pour les bijoux), et aussi soumis à des contrats d’assurance dits de libre circulation, qui offrent une couverture quelle que soit la localisation des objets au sein des différentes propriétés des détenteurs … dont certaines sont plus ou moins sécurisées… »
À cela, s’ajoutent d’autres aspects contextuels, comme la détérioration de biens par des activistes (éco-vandalisme), la guerre en Ukraine qui fait peser un risque plus grand sur les transports des œuvres, sans oublier la dématérialisation de l’art avec l’arrivée des œuvres d’art numériques. « Les recherches d’assurance spécifiques pour des œuvres ou objets rattachés du Fine Art s’intensifient aussi face à l’apparition de risques nouveaux comme ceux liés aux NFT par exemple » .
Et alors que la tendance fut, il y a quelques années, à l’ouverture des portefeuilles assurantiels aux objets relevant du Fine Art, avec ces risques de plus en plus élevés c’est un vent de frilosité qui agite aujourd’hui les assureurs. D’autant plus, que, au défi du risque, s’ajoute celui de la valeur des objets à assurer, très difficile à établir.
« Des tableaux, des bijoux plus ou moins anciens, des pierres précieuses, tous ces biens spéciaux ont des valeurs fluctuantes qui nécessitent une mise à jour constante. Chez PSPI, nous effectuons précisément ce travail, en offrant de surcroît un accès direct à nos clients à leur inventaire via une application spécialisée. Car ce n’est qu’en établissant la valeur réelle, qu’en cas de dommage cela pourra être réparé financièrement de manière « juste » » conclut l’experte.