Cette année, notre Fine Art Specialist, Héloïse Decrocq-Mosnier, s’est rendue à la TEFAF, The European Fine Art Fair, la foire d’art et d’antiquité la plus célèbre du monde qui se tient à Maastricht du 24 au 30 juin. La session 2022 de ce rendez-vous immanquable restera mémorable de par la qualité des œuvres exposées … et par le braquage à main armée qui s’est produit en pleine journée, au vu et su de toutes et tous. Notre experte était à quelques mètres des braqueurs et nous raconte.

Tout d’abord, dans quelle ambiance se déroulait cette manifestation incontournable avant que le braquage ne survienne ?

J’arrive le mardi 28 juin. La TEFAF m’apparaît fidèle à l’image que l’on m’a décrite : ambiance feutrée accentuant le prestige très classieux des œuvres exposées. Mon cœur d’experte Fine Art est comblé, mais mon œil d’experte en assurance tique sur certains détails : stands avec personnel absent, galerie de bijoux exposant des bagues sur les vitrines et non à l’intérieur … Tout cela est compréhensible, nous sommes au 4ème jour de la TEFAF, la tension du début a eu le temps de retomber.

Juste avant midi, je suis au niveau de l’exposition de la galerie Gisèle Croës s.a, je discute avec un exposant qui m’explique les principes de la taille directe sur bronze.  Mon attention est portée sur un bruit sourd et répétitif (intérieurement, je me dis que quelqu’un doit fixer une œuvre spécialement lourde à un mur). L’instant d’après mon regard se fixe sur trois hommes en entourant un dernier, lui-même en train d’enfoncer l’une des vitrines extérieures de l’exposition n°229, Galerie Symbolic and Chase à grands coups de marteau !

C’est donc à ce moment-là que le braquage a lieu, de manière aussi abrupte ?

Exactement, de manière soudaine… et devant tout le monde.  Les hommes sont calmes et méthodiques, presque sereins, ce qui rend la scène quasi-irréelle. La scène durera 1 minute environ. Les compagnons de l’homme au marteau ont des armes à poing. Ils ne les brandissent pas de manière ostentatoire mais n’hésitent pas à les braquer sur une personne essayant de leur résister. La vitrine finit par éclater en morceaux. L’homme au marteau enfonce son bras à l’intérieur et saisi plusieurs objets qu’il enfonce dans un sac noir. Enfin, la bande part en courant mais sans grand affolement.

Comment les participant-e-s ont-il réagi ?

Quelques secondes après le départ des braqueur, un mouvement de panique impressionnant s’empare de la foule. Des dizaines puis des centaines de personnes se mettent à courir, dans les cris et la brusquerie, en direction de la sortie. Le spectacle est inouï et le mouvement de foule entraîne avec lui bien des personnes ignorant la raison initiale de cette évacuation d’urgence.

Pour ma part, je ne bouge pas. Nous sommes peu à savoir ou à comprendre que ce mouvement de panique est dû à un braquage.

Quelles sont vos pensées à ce moment-là ?

Ma première pensée est tout simplement la suivante : si tout le monde part dans la précipitation, qui veillera sur les expositions ? Et si le vol n’était pas encore fini ? Non, je ne pars pas. Je reste. Je surveille. La panique environnante ne m’atteint pas. Je me sens d’ailleurs plus en sécurité à l’intérieur d’un stand plutôt qu’au milieu de la foule effrayée !

Évidemment, déformation professionnelle oblige, mes idées se tournent très rapidement vers le rôle de l’assurance dans ce braquage. Plongée dans ma réflexion, j’espère de tout cœur que la galerie Symbolic and Chase à un couverture d’assurance Fine Art adaptée : Le risque exposition est-il couvert ? Y a-t-il une sous-limite ? Une franchise ? Des exclusions ? Les règles de sécurités ont-elles été respectées ? J’imagine déjà l’assureur assommant de questions la Galerie, encore traumatisée par cette terrible mésaventure… La présence d’un courtier compétent et spécialisé dans le Fine Art me semble, dans cette situation, tout à fait indispensable !

Car un courtier est un véritable relai et un soutien de chaque instant pour son client. Il révèle d’autant plus sa valeur et ses compétences dans sa manière de gérer les sinistres.

Comment la manifestation a-t-elle repris son cours suite à cet évènement hors du commun ?

Juste avant midi, alors que les voleurs sont partis et que le mouvement de foule est retombé et il ne reste, dans la TEFAF, qu’un petit groupe de personnes qui, comme moi, a choisi de rester à l’intérieur du MECC. Personne ne nous demandera de sortir. Très vite, l’organisme de sécurité délimite un espace de sécurité autour de la vitrine éventrée. Trois agents sont postés devant l’exposition et des paravents gris sont apportés afin de masquer la scène et de laisser travailler les experts.

À 13h, la TEFAF reprend son cours avec un accès à nouveau totalement ouvert. Sur toutes les lèvres, un seul sujet, le braquage. Échanges de photos / vidéos de l’évènement foisonnent.

Le reste de ma journée est sans encombre, je continue à profiter de la TEFAF avec une amie et ancienne camarade de classe. Je me souviendrai longtemps de cette session 2022 de la TEFAF qui, par cet épisode, place l’enjeux de l’assurance des objets d’art au cœur des discussions et des débats !

PSPI souhaite bon courage à tout l’écosystème humain et technique qui va se mettre en place pour permettre à la Galerie Symbolic and Chase de se remettre de ce terrible événement et de reprendre le plus rapidement possible leur merveilleux travail.

(crédit photo de couverture : Huffington post)